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En 1854, l’ancienne église de Lésigny est déclarée à l'état de "ruine imminente" et interdite d'accès. Dès 1855, les plans et devis d'une nouvelle église sont dressés. Cependant, son emplacement fait débat parmi la population de Lésigny, ce qui retarde de manière considérable le début des travaux. Après de nombreux votes et débats le choix se porte sur l'emplacement proche de l'ancienne église, mais en retrait de la route et selon une orientation différente. L'adjudication des travaux est confiée à un entrepreneur de Preuilly-sur-Claise en 1866. La nouvelle église est consacrée, sous le vocable de Saint-Hilaire, par le cardinal Pie, évêque de Poitiers en 1873. Le mobilier de l'église est réalisé en grande partie dans les années suivantes. Beaucoup de verrières ont été financées par les familles les plus aisées de la paroisse (Sarrazin, Crouy et Savatier).
L’église compte un total de 22 verrières. Celles de la fin XIXème sont réalisées dans les ateliers tourangeaux. Le plus grand nombre (13) est signé de L. Lobin : ce sont les verrières du chœur et du transept réalisées entre 1876 et 1898.
Deux verrières héraldiques ont en médaillon les armoiries de Mgr Pie, qui est l'évèque de Poitiers lors de l'inauguration de l'église, et les armoiries de Pie IX, pape de 1846 à 1878.
Ces armoiries témoignent de la progression, au XIXème siècle, de l’ultramontanisme favorable à la primauté du pouvoir du pape sur le pouvoir politique. Mgr Pie s’est fait le défenseur des idées ultramontaines qui aboutissent au dogme de l’infaillibilité pontificale. (Concile Vatican I, 1870).
Deux verrières datées de 1900, avec les personnages de l'archange St-Michel, et St-Antoine-de-Padoue sont signées de Florence, successeur de Lobin à Tours.
Au début du XXème siècle, ce sont des ateliers parisiens qui sont sollicités. Un vitrail (St-Adrien) est signé de Georges CL Lavergne 1904. Après la grande guerre, en 1919, trois autres vitraux sont exécutés à Paris : St-Louis, St-Allyre et Ste-Jeanne d'Arc. Ils sont signés de deux lettres entrelacées AL : il pourrait d’agir d’André Lavergne. L’atelier de Georges Lavergne (1815-1887) a en effet été repris par ses deux fils Georges Claudius et Noël, puis par André Lavergne, fils du premier.
Les vitraux les plus récents (1935) sont situés à l'entrée de l'église, au dessus du portique d'entrée, intermédiaire entre le portail et la nef, et au dessus des fonds baptismaux. Ils sont signés de Lux Fournier, ancien employé de Lobin, dont l’atelier est resté actif à Tours jusqu’en 1950.
Un vitrail en plein cintre, qui représente le couronnement de la vierge, porte la mention : "M. l'abbé E. Fradet, curé de cette paroisse".
Les noms des donateurs ne figurent pas sur les vitraux, mais des blasons sont insérés dans une série de vitraux.
Le blason de la famille Sarrazin apparaît les plus souvent : une bande chargée de trois coquilles d'argent sur fond rouge. Charles Augustin Allyre de Sarrazin (1820-1883) a été maire de Lésigny. Il était marié à Claire De Crouy-Chanel. Son fils Raoul de Sarrazin (1852-1915) a été également maire de Lésigny.
Le blason apparaît seul sur le vitrail de St-Adrien, mais il est le plus souvent associé à d'autres :
Les initiales SM au bas d'un vitrail se rapportent à Henri Savatier (1855-1952) et Elisabeth Machet de la Martinière (1867-1952), mariés en 1890.
Le ruban et la médaille évoquent la décoration de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, accordée par le saint siège à Henri Savatier en 1888.
Henri Savatier, né en1855 à Poitiers, est un intellectuel français catholique qui a renoncé à une carrière d’avocat pour jouer un rôle de premier plan dans l’histoire du catholicisme social en France. Il accompagne à Rome Mgr Pie, évêque de Poitiers, lorsque ce dernier est nommé cardinal.
Il est Maire de Lésigny de 1909 à 1929. Il a repris du service pendant la guerre de 14-18 et a fêté ses 60 ans dans les tranchées à Verdun. Il décède à Lésigny-sur-Creuse en1952.
Pour en savoir plus, lire « Quelques souvenirs », écrits par Henri Savatier en 1938
Les vitraux des onze communes :